La
photographie de studio en noir et blanc a connu un âge d'or en Afrique de l'Ouest entre les
années 1960 et la fin des années 1980. Les photographes ont alors été les témoins et les acteurs de
leur société et de leur époque. Ils ont ainsi réalisé des portraits devenus des
documents dignes d’intérêt pour l’histoire, la sociologie et l’anthropologie.
Un grand nombre de portraits relève aussi du domaine de l’histoire des arts, tout autant pour leurs qualités esthétiques que pour leurs liens
avec la sculpture et la peinture (qu’elles soient africaines ou européennes). Les photographes - les « faiseurs d’images » intermédiaires entre le visible et
l’invisible - ont été le plus souvent choisis par leurs clients pour être les créateurs de belles images produites grâce aux artifices du studio et
à la spécificité de la photographie, aussi bien indicielle qu’iconique. En effet , elles ont été et sont encore les empreintes d'un moment de vie, d'un temps, d'une partie du réel, mais aussi et souvent des créations d'une autre réalité, voire des transpositions ou des transfigurations poétiques dans une réalité photographique.
Étant
donné qu'au Togo, au Bénin, au Burkina Faso et au Mali (comme dans d’autres
pays voisins) la plupart des gens ne possèdent pas d’appareil photographique
et que le photographe mieux que quiconque détient la connaissance et le talent
pour créer des images, c’est du studio (même lorsqu'il est installé dans un
espace extérieur, grâce à des pagnes) qu’on obtient un beau portrait : de la simple
photo d’identité au portrait plus
élaboré.
Certes on va au
studio afin d’immortaliser en images les étapes et les cérémonies qui scandent
la vie familiale et publique. Mais selon des modèles de représentation
strictement codés chacun attend du photographe qu’il crée une image idéale et
intemporelle. Ainsi les décors : fonds peints, sols à damiers, mais aussi les
accessoires : téléphone, fleurs, lunettes de soleil, autoradios modernes mis à
disposition, ne sont pas là pour dire le quotidien des clients (le plus souvent
ils ne vivent pas dans de tels lieux et ne possèdent pas de tels objets), mais
pour rehausser leur beauté, leur inventer une histoire, et les faire entrer
dans un monde autre, plus beau que la réalité quotidienne.
Après l’âge d’or, dans
les années 1990, beaucoup de studios d’Afrique de l’Ouest ont fermé. Un grand
nombre d’archives demeurent toutefois sur place. Il paraît urgent désormais
d’œuvrer à la préservation de ce patrimoine, menacé non seulement par ses
conditions de conservation mais aussi par sa dispersion.
L’âme des studios - leur dimension éminemment esthétique - est aujourd'hui pérennisée grâce à quelques artistes contemporains, africains ou pas, dont les portraits photographiques - hommages, citations ou critiques - sont présentés dans le blog suivant:
http://studio-portrait-art-contemporain.blogspot.fr/
© Angelo Micheli
L’âme des studios - leur dimension éminemment esthétique - est aujourd'hui pérennisée grâce à quelques artistes contemporains, africains ou pas, dont les portraits photographiques - hommages, citations ou critiques - sont présentés dans le blog suivant:
http://studio-portrait-art-contemporain.blogspot.fr/
© Angelo Micheli